Si j'ai été assez occupé ces derniers temps et que j'ai assez peu posté de recettes, je reviens vers vous cette fois avec un article un peu différent qui ravira - je l'espère - les passionnés d'architecture et de patrimoine. En effet j'ai eu la chance pour le weekend du 1er mai de partir de Lyon quelques jours pour découvrir les Châteaux de la Loire. Allant de la simple forteresse médiévale jusqu'au somptueux palais de la Renaissance, cet ensemble de près de 300 châteaux - la plus grande densité au monde - est classé à l'UNESCO depuis l'an 2000. Si la densité exceptionnelle de châteaux dans cette région peut surprendre il faut y voir l'influence de la Guerre de Cent Ans. En effet à cette période les Anglais contrôlent une grande partie du Nord et de l'Ouest du Royaume de France alors que Paris est prise en 1420. La capitale est alors déplacée à Troyes, puis à Tours et enfin à Blois, jusqu'en 1528. Pendant cette période la Loire forme une barrière naturelle qui sera constellée de fortifications. Avec la fin de la Guerre de Cent Ans, ces châteaux forts seront progressivement transformés en lieu de résidence plus confortable. En effet les Guerres d'Italie - où le Royaume de France affronte l'Empire des Habsbourg entre 1494 et 1559 - permettront de diffuser les idéaux et les canons esthétiques de la Renaissance italienne dans une Europe encore largement médiévale. Un art de vivre que l'aristocratie française adoptera très rapidement pour remodeler ses châteaux. En 1528, François Ier décide de s'installer durablement à Paris et Fontainebleau. Toutefois, jusqu'au règne d'Henri III, la cour restera largement itinérante, se déplaçant au fil des saisons d'un palais à un autre et les châteaux royaux du Val de Loire demeurent les principales résidences de la cour. C'est ainsi que naitront les chefs-d'œuvre architecturaux que nous connaissons aujourd'hui, dont la plupart est construite en tuffeau, une pierre blanc crème, tendre et lumineuse permettant de réaliser les sculptures les plus complexes. Avec pas moins de 100 châteaux ouverts à la visite, il est évident qu'il fallait faire un choix et pour une première visite nous avons bien sûr privilégié les châteaux les plus emblématique de la Vallée de la Loire, à commencer pour le Château de Chenonceau, situé au sud-est de Tours. / I've been pretty busy lately and haven't posted many recipes, but this time I'm back with a slightly different article that I hope will delight architecture and heritage enthusiasts. For the weekend of May 1st, I was lucky enough to leave Lyon for a few days to discover the Châteaux of the Loire Valley. Ranging from simple medieval fortresses to sumptuous Renaissance palaces, this group of nearly 300 châteaux - the highest density in the world - has been a UNESCO World Heritage site since 2000. The exceptional density of castles in this region may come as a surprise, but the influence of the Hundred Years' War must be taken into account. During this period, the English controlled much of the north and west of the Kingdom of France, and Paris was taken in 1420, moving the capital to Troyes, then Tours and finally Blois, until 1528. During this period, the Loire formed a natural barrier that was fortified. With the end of the Hundred Years' War, these fortified castles were gradually transformed into more comfortable living quarters. Indeed, the Italian Wars - in which the Kingdom of France battled the Habsburg Empire between 1494 and 1559 - helped spread the ideals and aesthetic canons of the Italian Renaissance throughout a Europe that was still largely medieval. An art of living that the French aristocracy was quick to adopt when remodeling their castles. In 1528, François I decided to settle permanently in Paris and Fontainebleau. However, until the reign of Henri III, the court remained largely itinerant, moving seasonally from one palace to another, and the royal châteaux of the Loire Valley remained the court's main residences. This is how the architectural masterpieces we know today came into being, most of them built in tuffeau, a creamy-white, soft, luminous stone used to create the most complex sculptures. With no fewer than 100 châteaux open to visitors, it was obvious that we had to make a choice, and for our first visit we naturally opted for the Loire Valley's most emblematic châteaux, starting with the Château de Chenonceau, located south-east of Tours.
Souvent surnommé "le château des dames", Chenonceau a en effet été construit, aménagé et transformé par des femmes, à commencer par Katherine Briçonnet. Grâce à son époux Thomas Bohier - général des finances sous plusieurs rois dont Louis XII et François Ier - elle supervise la construction du Château de Chenonceau, de 1513 à 1521, et prend les décisions architecturales pendant que son mari combat lors des guerres d'Italie. De cette période seule subsiste la Tour des Marques, datant du XVe siècle. Plus tard c'est au tour de la favorite du roi Henri II, Diane de Poitiers, de recevoir la propriété royale de Chenonceau en 1547. Après la mort du roi en 1559, Catherine de Médicis - l'épouse de Henri II - contraint sa rivale Diane de Poitiers à restituer le château en échange du Château de Chaumont. Elle fait appel à son architecte Jean Bullant qui réalise de nombreux aménagements et y engouffre une fortune conséquente pour donner au château l'aspect qu'on lui connaît aujourd'hui. / Often dubbed “the ladies' castle”, Chenonceau was in fact built, fitted out and transformed by women, starting with Katherine Briçonnet. Thanks to her husband Thomas Bohier - finance general under several kings, including Louis XII and François I - she oversaw the construction of the Château de Chenonceau from 1513 to 1521, making architectural decisions while her husband fought in the Italian wars. Only the 15th-century Tour des Marques remains from this period. Later, in 1547, King Henri II's favorite Diane de Poitiers was granted the royal estate of Chenonceau. After the king's death in 1559, Catherine de Médicis - Henri II's wife - forced her rival Diane de Poitiers to surrender the château in exchange for the Château de Chaumont. She called in her architect Jean Bullant, who carried out a number of alterations and poured in a substantial fortune to give the château the appearance we know today.
Louise de Lorraine - dite "la Reine Blanche" reçoit le château lors de l'assassinat de son époux Henri III, fils de Catherine de Médicis, en août 1589. Inconsolable, Louise s'enferme dans le château et y fait peindre les murs de sa chambre en noir. Après sa mort en 1601 le château passe de main en main, notamment aux maisons de Vendôme et de Condé, avant de devenir la propriété de Claude Dupin et sa femme Louise. Cette dernière deviendra très vite une pionnière du féministe dans une France qui embrasse progressivement les idéaux des Lumières et invite de nombreux philosophes comme Voltaire, Fontenelle, Marivaux, Montesquieu, Buffon et Rousseau. Le domaine manque cruellement d'entretien et le couple investit des sommes importantes pour restaurer Chenonceau. Les jardins sont devenus une friche et sont méticuleusement débroussaillés alors que les intérieurs sont enrichis de nouveaux meubles et de livres rares. / Louise de Lorraine - known as "the White Queen" - was given the château when her husband Henri III, son of Catherine de Médicis, was assassinated in August 1589. Inconsolable, Louise locked herself up in the château and had the walls of her bedroom painted black. After her death in 1601, the château passed from hand to hand, notably to the Houses of Vendôme and Condé, before becoming the property of Claude Dupin and his wife Louise. The latter quickly became a feminist pioneer in a France that was gradually embracing the ideals of the Enlightenment, and invited numerous philosophers such as Voltaire, Fontenelle, Marivaux, Montesquieu, Buffon and Rousseau. The estate was sorely lacking in maintenance, and the couple invested heavily in restoring Chenonceau. The gardens, once a wasteland, were meticulously cleared, while the interiors were enriched with new furniture and rare books.
Chenonceau, laissé à l'abandon pendant cent ans, retrouve ainsi, grâce aux Dupin, sa splendeur d'antan. Si une partie des portraits royaux du château sont détruits pendant la Révolution française, le château reste relativement intact. Louise Dupin y mourra à l'âge de 93 ans en 1799 et sera enterrée dans une tombe au cœur de la forêt de Chenonceau. Enfin, autre figure féminine, Marguerite Pelouze, sera propriétaire du château de Chenonceau de 1864 à 1888. Née à Paris mais issue d'une famille d'industriels britannique, elle dépensera des sommes conséquentes pour redonner au château son aspect du XVIe siècle et s'entourera d'écrivains, historiens, musiciens, peintres et sculpteurs. Gustave Flaubert effectuera trois séjours à Chenonceau. / Chenonceau, abandoned for a hundred years, was restored to its former splendor thanks to the Dupins. Although some of the château's royal portraits were destroyed during the French Revolution, the château remained relatively intact. Louise Dupin died there at the age of 93 in 1799, and was buried in a tomb in the heart of the Chenonceau forest. Another female figure, Marguerite Pelouze, owned Château de Chenonceau from 1864 to 1888. Born in Paris but from a family of British industrialists, she spent considerable sums to restore the château to its 16th-century appearance, and surrounded herself with writers, historians, musicians, painters and sculptors. Gustave Flaubert stayed at Chenonceau three times.
Racheté par le Crédit foncier en 1889, il est revendu en 1891 à M. José Émilio Terry, député de La Havane alors que Cuba est toujours une colonie espagnole. En 1913 le domaine est acquis par Henri Menier, homme de la grande bourgeoisie industrielle. Jusqu'alors privé le château est enfin ouvert à la visite. La famille Menier est toujours propriétaire du domaine. En plus du château en lui même, on découvrira les élégants jardins à la française créés par Diane de Poitiers et Catherine de Médicis, sans oublier l'adorable ensemble de fermes datant du XVIe siècle accolé à un potager de 10 000 m² et un atelier floral où travaillent aujourd'hui deux fleuristes pour la mise en fleurs des pièces du château. Nous continuons ensuite notre périple à Tours. Avec presque 140 000 habitants - et plus de 365 000 habitants pour l'aire urbaine - Tours est la plus grande commune de la région Centre-Val de Loire. Ancienne Caesarodunum romaine, cité des Turones - peuple gaulois qui donnera le nom "Touraine" - Tours devient un lieu de pèlerinage important sous les Mérovingiens et les Carolingiens au début du Moyen-Âge. Plusieurs fois capitale du Royaume de France sous les Valois pendant et après la Guerre de Cent Ans, elle sera également la capitale de loyauté pour Henri III et Henri IV pendant les guerres de Religion. En plus de son riche patrimoine, elle est également une ville universitaire très vivante avec plus de 30 000 étudiants. / Bought by Crédit Foncier in 1889, it was sold in 1891 to Mr. José Émilio Terry, a member of parliament from Havana while Cuba was still a Spanish colony. In 1913, the estate was acquired by Henri Menier, a member of the industrial bourgeoisie. Hitherto private, the château was finally opened to visitors. The Menier family still owns the estate. In addition to the château itself, we'll discover the elegant formal gardens created by Diane de Poitiers and Catherine de Médicis, not forgetting the lovely 16th-century farmhouse complex, adjoined by a 10,000 m² kitchen garden and a floral workshop where two florists now work to decorate the château's rooms. We then continue our journey to Tours. With almost 140,000 inhabitants - and over 365,000 in the urban area - Tours is the largest commune in the Centre-Val de Loire region. Ancient Roman Caesarodunum, city of the Turones - the Gallic people who gave the name "Touraine" - Tours became an important place of pilgrimage under the Merovingians and Carolingians in the early Middle Ages. Several times capital of the Kingdom of France under the Valois during and after the Hundred Years' War, it was also the capital of loyalty for Henri III and Henri IV during the Wars of Religion. In addition to its rich heritage, it is also a lively university town with over 30,000 students.
On notera la superbe Place Plumereau avec ses maisons à colombage, la Cathédrale Saint-Gatien, l'imposante Basilique Saint-Martin de Tours et les nombreuses ruelles de la vieille ville. Après cette visite éclair de Tours nous partons plus à l'est pour découvrir avec un autre château mythique de la région: le Château de Cheverny. Si le bâtiment actuel date du XVIIe siècle, les fondations du château sont en réalité bien plus anciennes. Associé à la famille Hurault, ce domaine est à l'origine un pressoir. Jacques Ier Hurault (1437-1517) - conseiller des rois Louis XI, Louis XII et François Ier, baron d'Huriel et seigneur de Cheverny - acquiert les seigneuries de Vibraye en 1510. Son fils, Raoul II Hurault, obtient du roi, l'autorisation de fortifier la nouvelle demeure qu'il vient d'édifier. De cette bâtisse il ne reste qu'une illustration, réalisé par le père Étienne Martellange, qui visite la région en 1624–1625. Mi forteresse, mi château de plaisance, le bâtiment rappelle alors le château de Blois ou de Chenonceau avec ses longs pavillons bas flanqués de tours, tourelles et poivrières. / Highlights include the superb Place Plumereau with its half-timbered houses, the Cathédrale Saint-Gatien, the imposing Basilique Saint-Martin de Tours and the many narrow streets of the old town. After this whirlwind tour of Tours, we head east to discover another of the region's legendary châteaux: Château de Cheverny. Although the current building dates back to the 17th century, the foundations of the château are actually much older. Associated with the Hurault family, the estate was originally a wine press. Jacques I Hurault (1437-1517) - advisor to kings Louis XI, Louis XII and François I, baron d'Huriel and lord of Cheverny - acquired the Vibraye seigneuries in 1510. His son, Raoul II Hurault, obtained authorization from the king to fortify the new residence he had just built. All that remains of this building is an illustration by Father Étienne Martellange, who visited the region in 1624-1625. Part fortress, part château de plaisance, the building was reminiscent of the Château de Blois or Chenonceau, with its long, low pavilions flanked by towers and turrets.
C'est à Henri Hurault (1575-1648) que l'on doit le nouveau château que l'on connaît aujourd'hui. Conseiller du roi Henri IV, il prend possession du château de Cheverny et fait venir son épouse Françoise Chabot, mais la laisse cependant vite seule afin de poursuivre le service du roi. Cette dernière s'ennuie et la rumeur de son infidélité finit par gagner la cour. Le 26 janvier 1602, sans dire mot, il regagne aux premières heures du matin, son château de Cheverny. Il a juste le temps de voir un page s'échapper par la fenêtre de la chambre et se rompre la jambe. Hurault l'achève d'un coup d'épée, puis force sa femme à se donner la mort en ingérant une flasque de poison qu'il lui tend. Le roi l'apprend et condamne le comte à demeurer sur ses terres de Cheverny. Deux années plus tard cependant Henri Hurault se remarie avec la fille d'un avocat, Marguerite Gaillard de la Morinière. Rappelé au service du roi, il laisse à sa nouvelle épouse le soin de faire rénover l'ancienne forteresse, au style démodé et marquée par la tragédie. / Henri Hurault (1575-1648) built the new château we know today. Advisor to King Henri IV, he took possession of Château de Cheverny and brought his wife Françoise Chabot with him, but soon left her alone to continue serving the King. Françoise became bored and rumors of her infidelity spread throughout the court. On January 26, 1602, without a word, he returned to his Château de Cheverny in the early hours of the morning. He had just enough time to see a page escape through the bedroom window and break his leg. Hurault finishes him off with a sword, then forces his wife to take her own life by ingesting a flask of poison he hands her. The king learned of this and condemned the Count to remain on his lands at Cheverny. Two years later, however, Henri Hurault remarried the daughter of a lawyer, Marguerite Gaillard de la Morinière. Recalled to the king's service, he left his new wife in charge of renovating the old fortress, which was old-fashioned and marked by tragedy.
L'ancien bâtiment est rasé presque entièrement au début des années 1630 et l'on appelle les artistes les plus en vue de la région pour les travaux, comme l'architecte Jacques Bougier, le peintre Jean Mosnier ou encore le sculpteur Gilles Guérin. Sans oublier le menuisier allemand Hevras Hammerber, originaire d'Essen. Les bâtiments sont terminés en 1634, mais Henri Hurault et Marguerite Gaillard n'ont guère le temps de profiter de leur somptueuse demeure : la comtesse meurt en 1635 et le comte en 1648. Ce sont leurs deux filles qui héritent du domaine, et en 1654, Cécile-Élisabeth Hurault rachète sa part à sa sœur, Anne-Marguerite Hurault. Elle poursuit la décoration du château et y organise des fêtes fastueuses. / The old building was almost completely demolished in the early 1630s, and the region's most prominent artists were called in to carry out the work, including architect Jacques Bougier, painter Jean Mosnier and sculptor Gilles Guérin. Not forgetting German carpenter Hevras Hammerber, native from Essen. The buildings were completed in 1634, but Henri Hurault and Marguerite Gaillard had little time to enjoy their sumptuous home: the Countess died in 1635 and the Count in 1648. Their two daughters inherited the estate, and in 1654, Cécile-Élisabeth Hurault purchased her share from her sister, Anne-Marguerite Hurault. She continued to decorate the château and organize lavish festivities.
Durant les soixante-dix années qui suivent, Cheverny change maintes fois de propriétaires. Le château sera épargné pendant la Révolution française. Après être passé par les mains des banquiers Germain, il fut racheté au début du Premier Empire par Julien Guillot, ancien filateur au Portugal, qui le céda en viager à Anne-Victor Hurault, marquis de Vibraye en 1825, un descendant de Denis Hurault de Saint-Denis, fils cadet de Raoul II. En 1922, le marquis de Vibraye, propriétaire des lieux, ouvre le château au public. Le château reçut la visite d'Elizabeth Bowes-Lyon, reine-mère d'Angleterre en 1963. Depuis 2001, le château héberge une collection relative à Tintin dans les greniers à fourrage. En effet les passionnés d'Hergé auront peut être reconnu le château de Moulinsart - château fictif qui apparaît dans la série "Les Aventures de Tintin" - directement inspiré de Cheverny. / Over the next seventy years, Cheverny changed owners several times. The château was spared during the French Revolution. After passing through the hands of the Germain bankers, it was bought at the beginning of the First Empire by Julien Guillot, a former spinner in Portugal, who sold it as a life annuity to Anne-Victor Hurault, Marquis de Vibraye in 1825, a descendant of Denis Hurault de Saint-Denis, youngest son of Raoul II. In 1922, the Marquis de Vibraye opened the château to the public. The château was visited by Elizabeth Bowes-Lyon, Queen Mother of England, in 1963. Since 2001, the château has housed a Tintin-related collection in the attics. Indeed, Hergé fans may recognize the château de Moulinsart - the fictional castle that appears in the series "The Adventures of Tintin" - as being directly inspired by Cheverny.
Le Château de Cheverny se situe à seulement une quinzaine de minutes au sud de Blois, notre prochain arrêt. Comme Tours, cette ville - chef-lieu du Loir-et-Cher - a servi de capitale au Royaume de France notamment sous Louis XII qui y établit sa cour et en fait sa résidence royale entre 1498 et 1528. De cette période, la ville a su préserver une héritage somptueux à commencer par son château, ainsi que la cathédrale Saint-Louis, l’église Saint-Vincent-de-Paul et le pont Jacques-Gabriel. On retrouve de nombreuses maisons à colombages et autres hôtels particuliers de la Renaissance le long des ruelles étroites qui serpentent dans les hauteurs de la vieille ville. / Château de Cheverny is just fifteen minutes south of Blois, our next stop. Like Tours, this town - capital of the Loir-et-Cher region - served as the capital of the Kingdom of France, notably under Louis XII, who established his court here and made it his royal residence between 1498 and 1528. The town has preserved a sumptuous heritage from this period, starting with its castle, as well as Saint-Louis cathedral, Saint-Vincent-de-Paul church and Jacques-Gabriel bridge. Numerous half-timbered houses and Renaissance mansions can be found along the narrow streets winding through the heights of the old town.
Nous n'avons malheureusement pas eu le temps de visiter le Château de Blois, mais ce n'est que partie remise, d'autant que nous avons eu la possibilité d'admirer sa cour intérieure richement décorée et sa façade ornée d'une magnifique statue équestre de Louis XII. Les premières mentions du château datent de 854 lorsque l'édifice - probablement en bois - est attaqué et détruit par les Vikings. La première forteresse est élevée au Xe siècle puis étendue à plusieurs reprises. En 1429, avant son départ pour lever le siège d’Orléans, Jeanne d’Arc est bénie dans la chapelle du château de Blois par Regnault de Chartres, archevêque-duc de Reims. Toutefois on doit l'aspect actuel du château au roi Louis XII et son épouse Anne de Bretagne. Habité pendant une bonne partie du XVIe siècle, il est progressivement délaissé sous Louis XIV et pillé pendant la Révolution française. Son état est tel qu'on pense à l'époque à le raser, même si heureusement en 1840, sous le règne de Louis-Philippe, le château est classé monument historique puis méticuleusement restauré. Depuis 1850 il accueille également le Musée des Beaux-Arts de Blois. / Unfortunately, we didn't have time to visit the Château de Blois, but we keep it for another time, especially as we were able to admire its richly decorated inner courtyard and its facade adorned with a magnificent equestrian statue of Louis XII. The first records of the château date back to 854, when the building - probably made of wood - was attacked and destroyed by the Vikings. The first fortress was built in the 10th century, then extended several times. In 1429, prior to her departure to raise the siege of Orléans, Joan of Arc was blessed in the chapel of Château de Blois by Regnault de Chartres, Archbishop-Duke of Reims. However, the château's current appearance is attributable to King Louis XII and his wife Anne of Brittany. Inhabited for much of the 16th century, it was gradually abandoned under Louis XIV and looted during the French Revolution. Its condition was such that consideration was given to razing it, although fortunately in 1840, under the reign of Louis-Philippe, the château was classified as a historic monument and meticulously restored. Since 1850, it has also been home to the Musée des Beaux-Arts de Blois.
Nous continuons vers la Cathédrale Saint-Louis, érigé en 1697. A l'arrière du bâtiment on fera un détour dans les Jardins de l'Évêché qui offre non seulement de magnifiques vues sur Blois, mais également de lumineux parterres d'iris et de rosiers. Nous continuons notre route au sud-est de Blois pour découvrir le plus majestueux et imposant des châteaux de la Loire: Chambord. Construit entre 1519 et 1547 il est - pour François Ier - un symbole de la richesse et de la puissance du Royaume de France sous son règne. Chambord accueille déjà un château fort au Xe siècle, destiné aux comtes de Blois. En 1397 les possessions des comtes de Blois passant à la Maison d'Orléans, avant d’être rattaché à la couronne de France lorsque Louis d’Orléans devint Louis XII de France en 1498. Le domaine est déjà appréciée par l'aristocratie locale pour ses épaisses forêts riches en gibier. En parallèle le roi décide de réaliser une ville nouvelle à Romorantin sur les plans de Léonard de Vinci, comme une seconde Rome, et futur capitale du Royaume de France. Si le développement de Romorantin s'arrête progressivement en 1519 avec la mort de Léonard de Vinci, le château de Chambord n'en est qu'à son commencement. Les archives sur la genèse du plan de Chambord ne sont pas conservées, mais il est probable que Léonard de Vinci, installé à Amboise à la fin de l’année 1516 et très proche du roi, y fût associé. / We continue to the Cathédrale Saint-Louis, erected in 1697. At the rear of the building, we make a detour into the Jardins de l'Évêché, which offers not only magnificent views over Blois, but also luminous beds of irises and rosebushes. We continue south-east of Blois to discover the most majestic and imposing of the Loire castles: Chambord. Built between 1519 and 1547, it was - for François I - a symbol of the wealth and power of the Kingdom of France during his reign. Chambord was already home to a fortified castle in the 10th century, built for the Counts of Blois. In 1397, the possessions of the Counts of Blois passed to the House of Orléans, before becoming part of the French crown when Louis d'Orléans became Louis XII of France in 1498. The estate was already appreciated by the local aristocracy for its thick forests rich in game. At the same time, the king decided to build a new town in Romorantin, based on Leonardo da Vinci's plans, as a second Rome and future capital of the Kingdom of France. While the development of Romorantin came to a gradual halt in 1519 with the death of Leonardo da Vinci, the Château de Chambord was still in its infancy. Archives on the genesis of the Chambord plan have not been preserved, but it is likely that Leonardo da Vinci, who had moved to Amboise by the end of 1516 and was very close to the king, was involved.
Interrompu entre 1525 et 1526, période des catastrophes que sont la défaite de Pavie et l’incarcération du roi à Madrid, le chantier reprend à partir de 1526. Le projet initial sera régulièrement modifié pendant le règne de François 1er et 1 800 ouvriers auraient travaillé à la construction du château sous les ordres de plusieurs architectes comme Pierre Nepveu ainsi que Jacques Sourdeau et Denis Sourdeau. Le donjon est achevé lorsque l’empereur du Saint-Empire romain germanique, Charles Quint, grand rival du roi de France, est accueilli à Chambord par François Ier, dans la nuit du 18 au 19 décembre 1539, alors qu’il quitte l’Espagne pour Gand, sa ville natale. Le cortège est reçu par des ballets et des jonchées de fleurs dans un somptueux décor de tapisseries. / Construction was interrupted between 1525 and 1526, when the defeat at Pavia and the King's imprisonment in Madrid were disastrous events, and resumed in 1526. The initial project was regularly modified during the reign of François 1er, and 1,800 workers are said to have worked on the construction of the château under the orders of several architects, including Pierre Nepveu, Jacques Sourdeau and Denis Sourdeau. The keep was completed when Charles V, emperor of the Holy Roman Empire and great rival of the French king, was welcomed to Chambord by François I on the night of December 18-19, 1539, as he left Spain for his native Ghent. The procession was greeted with ballets and flower displays, set against a sumptuous tapestry backdrop.
François Ier meurt en 1547. Le roi a finalement passé très peu de temps à Chambord - 42 jours au total en 32 ans de règne - où il reste d'ailleurs peu de temps dans le château, mais préfère disparaître en forêt pour y chasser en compagnie d’un petit groupe d’intimes. Les travaux de l’aile de la chapelle se poursuivent sous le règne de Henri II, mais ils sont interrompus par sa mort en 1559. Les séjours royaux se raréfient pendant une centaine d’années, alors que l’édifice continue de susciter l’admiration de ses visiteurs. Des travaux de consolidation sont réalisés en 1566 sous le règne de Charles IX, mais Chambord se révèle trop éloigné des lieux de séjours habituels de la Cour et semble promis à une lente disparition. Henri III, puis Henri IV, n’y résident pas et n’y entreprennent pas de travaux. Il faut attendre l’avènement de Louis XIV pour que soit achevé le projet de François Ier. Le Roi-Soleil comprend le symbole que représente Chambord, manifestation du pouvoir royal et confie les travaux à l’architecte Jules Hardouin-Mansart. Louis XIV fait neuf séjours au château, le premier en 1650 et le dernier en 1685. / François I died in 1547. In the end, the king spent very little time at Chambord - a total of 42 days in his 32-year reign - and spent little time in the château, preferring to disappear into the forest to hunt with a small group of close friends. Work on the chapel wing continued during Henri II's reign, but was interrupted by his death in 1559. Royal visits were few and far between for the next hundred years, although the building continued to attract the admiration of visitors. Consolidation work was carried out in 1566 during the reign of Charles IX, but Chambord proved to be too far removed from the Court's usual places of residence, and seemed destined for a slow demise. Henri III, then Henri IV, did not live there and did not undertake any work. It was not until the advent of Louis XIV that François I's project was completed. The Sun King understood the symbolism of Chambord as a manifestation of royal power, and entrusted the work to the architect Jules Hardouin-Mansart. Louis XIV made nine visits to the château, the first in 1650 and the last in 1685.
Le roi Louis XV, dispose du château pour y loger son beau-père Stanislas Leszczyński, roi de Pologne en exil, entre 1725 et 1733. Le château reste inhabité pendant 12 ans, puis le 25 août 1745, Louis XV en fait don au maréchal de Saxe qui en devient gouverneur à vie, avec 40 000 livres de revenus. Il y meurt le 30 novembre 1750. Avec la Révolution Française le château est grandement saccagé et pillé et les jardins sont transformés en pâturage alors que les arbres des forêts royales sont massivement abattus. À la chute du roi Charles X en 1830, son petit-fils le prince Henri d'Artois, Duc de Bordeaux, reçoit pour l’exil le titre de courtoisie de "comte de Chambord". Les régimes successifs de la monarchie de Juillet, puis du Second Empire entre 1830 et 1870, le tiennent éloigné du pouvoir et de la France. Mais à distance le prince est attentif à l’entretien de son château et de son parc. Ainsi il finance de très importantes campagnes de travaux, restauration des bâtiments et travaux d’aménagement du parc de chasse. Le château est officiellement ouvert au public. / King Louis XV used the château to house his father-in-law Stanislas Leszczyński, King of Poland in exile, between 1725 and 1733. The château remained uninhabited for 12 years, then on August 25, 1745, Louis XV donated it to Marshal de Saxe, who became its governor for life, with an income of 40,000 livres. He died there on November 30, 1750. During the French Revolution, the château was ransacked and pillaged, and the gardens were turned into pastureland, while the trees in the royal forests were felled on a massive scale. When King Charles X fell in 1830, his grandson Prince Henri d'Artois, Duke of Bordeaux, was given the courtesy title of "Count of Chambord" for exile. The successive regimes of the July Monarchy, then the Second Empire between 1830 and 1870, kept him away from power and France. From a distance, however, the prince was attentive to the upkeep of his château and its grounds. He financed major renovation campaigns, restoring the buildings and developing the hunting park. The château is officially opened to the public.
En 1930 Chambord est racheté par l'État français. Dès le début de la Seconde Guerre mondiale, le château devient le centre de triage des trésors des musées nationaux de Paris et du Nord de la France, qu’il faut évacuer et protéger des bombardements allemands. Avec le rapatriement progressif des œuvres du Louvre vers Paris, en 1947 commence une grande remise à niveau de près de trente ans, menée dès 1950. En 1981, le domaine est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Entre 2016 et 2017 les jardin à la française, commandé par Louis XIV, sont entièrement recréés après plusieurs siècles de négligence. Vieux de 500 ans, le Château de Chambord nous apparaît aujourd'hui aussi beau qu'il ne l'était lors de sa conception. Avec sa multitude de tours et de cheminées finement décorées, sa silhouette unique et son escalier à double révolution qui permet de s'entrevoir sans se croiser, il constitue probablement le plus bel exemple de l'architecture de la Renaissance française. C'est sur dans ce lieu d'exception que nous finissons notre tour des Châteaux de la Loire. Cette région m'a absolument émerveillé tant elle est chargé d'art et d'histoire et j'ai hâte d'y retourner très prochainement découvrir les autres merveilles que recèle ce coin de France: Villandry, Chaumont, Amboise, Azay-le-Rideau.... / In 1930, Chambord was purchased by the French state. With the outbreak of the Second World War, the château became a sorting center for the treasures of the national museums of Paris and northern France, which had to be evacuated and protected from German bombing raids. The gradual repatriation of works from the Louvre to Paris in 1947 marked the start of a major restoration project lasting almost thirty years, which began in 1950. In 1981, the estate was designated a UNESCO World Heritage Site. Between 2016 and 2017, the French gardens, commissioned by Louis XIV, were completely recreated after centuries of neglect. Today, the 500-year-old Château de Chambord is as beautiful as it was when it was first conceived. With its multitude of finely-decorated towers and chimneys, its unique silhouette and its double staircase that allows us to glimpse each other without crossing paths, it is probably the finest example of French Renaissance architecture. It's in this exceptional setting that we end our tour of the Châteaux de la Loire. This region has absolutely amazed me, so full of art and history, and I can't wait to return very soon to discover the other marvels that this corner of France has to offer: Villandry, Chaumont, Amboise, Azay-le-Rideau....
Incroyable, quel reportage ! Je n'ose imaginer le nombre d'heures pour la rédaction et la sélection des photos... Le résultat est là, sublime ! J'ai un cousin qui habite Tours et je je retrouve chaque année pour aller visiter un château : Chenonceau, Chaumont, Chambord, les jardins de Villandry... Cette année, nous nous rendrons à Valençay. Bref, c'est toujours un éblouissement. Merci pour ce magnifique reportage.
RépondreSupprimerOh merci Romain, cela me rappelle beaucoup de souvenirs, en 2004 nous avions fait le tour de certains châteaux. Nous séjournions à Loches dans un gîte charmant, et Chenonceau, Chambord, Valency les fameux jardins de Villandry... et puis Blois, Amboise et Léonard de Vinci... Merci pour ce reportage très très complet
RépondreSupprimerCoucou Romain, j'étais passée prendre ma liste pour le challenge de la foodista chez Isabelle et curieuse que je suis... me voila à faire un petit tour sur ton blog. Enfin je ne suis pas partie bien loin :) car je me suis régalée à lire ton article sur les différents chateaux et admirer tes photos. À très vite! Bises de Chicago! ~Nessa
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